« Slow Money » est le nom d’un mouvement lancé par Woody Tasch, pionnier de l’investissement socialement responsable et auteur. Ce dernier a emprunté le cadre conceptuel du « Slow Food » – selon lequel les participants évitent les repas « rapides » axés sur la commodité – pour remplir leur assiette de nourriture traditionnelle, non transformée et, idéalement, produite localement. Il s’est inspiré de ce concept et l’a appliqué aux finances et aux investissements personnels. Le mouvement du Slow Money fait parti des investissements à impact social.
En tant que tel, le Slow Money a pour but de relier les investisseurs à leurs économies locales en mobilisant des ressources financières pour investir dans les petites entreprises alimentaires et les systèmes alimentaires locaux.
Inciter aux placements financiers durables
La vision de W.Tasch avec Slow Money a pris la forme d’une ONG (organisation à but non lucratif). Elle ne vise rien de moins qu’une révision complète de la façon dont nous pensons et dépensons notre argent, en canalisant une plus grande partie de celui-ci vers la production d’aliments locaux sains, le renforcement des communautés locales plutôt que des sociétés multinationales. A terme, W.Tash souhaite déclenché la restauration de notre économie en déclin vers un processus régénératif basé sur l’économie bleue de Gunther Pauly (Wikipedia).
Plutôt que le capital-risque finance des start-ups de haute technologie, Tasch espère voir le « capital nourricier » financer les commerçants et les producteurs locaux qui, à leur tour, réinjectent la moitié de leurs bénéfices dans leurs communautés. Ce financement permet la création d’un écosystème vertueux axé sur les besoins locaux valorisant la fertilité des sols, la paysage, le biens communs, la diversité, la non-violence autant que le rendement financier.
W.Tasch espère y parvenir en persuadant un million d’Américains d’investir au moins un pour cent de leurs actifs dans les systèmes alimentaires locaux d’ici 2020.
La mise en place du mouvement Slow Food
M. Tasch a lancé donc le projet Slow Money en novembre 2008, après la publication de son livre, Inquiries into the Nature of Slow Money (traduction littérale : Investir comme si la nourriture, les fermes et la fertilité comptaient).
Il a pris la route pour promouvoir le livre et le mouvement naissant en 2009, et a réussi à attirer 450 investisseurs, agriculteurs et autres entrepreneurs intrigués à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, pour échanger des idées lors d’un rassemblement de trois jours. « Nous voulions juste voir qui se présenterait, mais quatre des petites entreprises alimentaires qui se sont présentées ont récolté un total de 260 000 dollars », explique M. Tasch.
M. Tasch a ensuite organisé un autre événement pour quelque 600 participants en juin suivant à Shelburne, dans le Vermont. Les investisseurs ont versé 4,2 millions de dollars à 12 autres producteurs, et c’est là que M. Tasch a su qu’il était sur la bonne voie. Plus de 1 000 personnes ont convergé vers San Francisco pour le troisième événement en octobre 2011, et M. Tasch s’attend à ce que des quantités incalculables de « capital lent » changent de mains pour le mieux.
Ouverts aux petits investissements
Que vous ayez ou non de l’argent à investir dans les cercles vertueux de Slow Money, vous pouvez montrer votre soutien en visitant le site web du groupe et en signant électroniquement les Principes de l’organisation, une liste de six croyances fondamentales partagées par la communauté Slow Money.
Ou, si vous n’avez que 25 dollars, vous pouvez les placer dans le Soil Trust de l’organisation, qui créera de petites entreprises alimentaires pour promouvoir la fertilité des sols dans des régions d’un océan à l’autre.
M. Tasch considère le Soil Trust comme la clé pour ouvrir le concept de Slow Money à tous et atteindre l’objectif du groupe de faire participer un million d’Américains au mouvement au cours de la prochaine décennie.
Une autre clé pour atteindre l’objectif de Tasch est la croissance du leadership au niveau local. A ce jour, une douzaine de sections locales autonomes ont vu le jour à l’échelle nationale, et d’autres vont certainement voir le jour dès que la nouvelle se répandra. Les groupes locaux ont déjà fait don ou prêté des centaines de milliers de dollars à des entités travaillant à l’amélioration de leurs propres « greniers » communautaires. Maintenant, nous avons tous un moyen de joindre l’acte à la parole.