On entend très régulièrement dire et on peut aussi lire – par voie de presse et sur les réseaux sociaux – que les abeilles sont en voie de disparition.
Mais de quelles abeilles parlons nous ? Car il existe des milliers d’espèces d’abeilles en Europe et des centaines sont présentes en France. En effet derrière le mot abeille se cache une importante biodiversité.
Quelques mots sur les abeilles
Toutes les abeilles sont des insectes qui appartiennent à l’ordre des hyménoptères, au même titre que les fourmis, les bourdons, les frelons et les guêpes.
La plupart des abeilles sont solitaires et ne partagent pas leur nid avec leurs congénères. D’autres vivent en colonie, comme les abeilles domestiques (Apis mellifera). Ces colonies comptent alors plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers d’individus. Et ce nombre est variable en fonction de l’âge de la colonie, son état de santé et la saison.
Mais toutes les abeilles sont des insectes pollinisateurs très importants pour les écosystèmes. Et toutes ces espèces subissent à des degrés divers les activités humaines : agriculture et urbanisation. Certaines sont encore fréquentes alors que d’autres ont malheureusement disparus.
Dans cet article nous allons nous intéresserons à l’abeille noire que l’on rencontre en France. Pourquoi elle ? Car il s’agit d’une espèce importante pour les écosystèmes et qu’elle est un indicateur de leur état de santé. Les scientifiques parlent d’une espèce “clé de voûte”.
Utilisation de l’abeille noire par l’homme
L’abeille noire a été très tôt exploitée par l’homme. Des représentations sur les parois de cavernes l’attestent. En effet, le miel fût pendant longtemps l’unique source de sucres disponible. Mais cette exploitation conduisait systématiquement à la destruction de la colonie pillée.
À partir du 18ème siècle, l’abeille noire sera élevée dans des ruches. Cette conduite raisonnée permet de collecter du miel en préservant la colonie de la destruction.
De nombreux types de ruches seront inventés afin de s’adapter aux mieux aux besoins des insectes et au mode de travail des apiculteurs. Ces dispositifs se composent toujours d’une caisse (ou corps de ruche), dans laquelle viennent s’insérer des cadres mobiles. C’est dans ces cadres que les abeilles bâtissent leurs rayons.
Les plus connues en France sont :
• la ruche Dadant,
• la ruche Voirnot,
• la ruche Langstroth
• et la ruche Warré.
Ces ruches portent le nom de leur inventeur. Mais on retrouve aussi des ruches traditionnelles comme la ruche tronc et la ruche kenyane qui répondent davantage à l’écologie des abeilles.
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Quelles sont les particularités de l’abeille noire ?
L’abeille noire est l’une des nombreuses sous-espèces de l’abeille domestique décrites par les entomologues. Son nom scientifique est Apis mellifera mellifera et l’on retrouve cet insecte sur une vaste étendue d’Europe de l’Ouest entre les pyrénées et la Scandinavie.
Qualités de l’abeille noire
Malheureusement, les apiculteurs sont nombreux à avoir délaissés l’abeille noire. Ils lui préfèrent des sous-espèces “exotiques” comme l’abeille italienne, l’abeille du caucasienne et l’abeille carniolienne. Ou bien des races sélectionnées comme l’abeille Buckfast. Ce choix vers d’autres sous-espèces est motivé par la recherche de productivité.
Les apiculteurs professionnels, mais surtout les amateurs reprochent aussi à l’abeille noire d’être très défensive durant les manipulations. Leur choix s’oriente souvent vers des abeilles plus douces. L’abeille Buckfast est souvent la référence en la matière.
Toutefois, l’abeille noire présente des qualités très intéressantes. Et il est injuste de ne pas lui rendre la place qu’elle mérite. Nous allons en présenter ici les principales qualités de l’abeille noire.
L’abeille noire est robuste et économe
La première est la rusticité. L’abeille noire supporte mieux que d’autres nos hivers froids et prolongés. En cas de disette, la ponte de la reine est immédiatement régulée et réduite. Ainsi les abeilles noires peuvent limiter la taille de leur colonie si les ressources viennent à manquer.
Les autres sous-espèces et notamment l’abeille italienne sont originaires de régions aux climats plus cléments. Elles constituent des colonies beaucoup plus populeuses durant l’hiver. Si bien que les apiculteurs sont souvent contraints de nourrir leurs abeilles lorsque les réserves viennent à manquer !
L’abeille noire a un vol puissant
Le rayon d’action des abeilles est d’environ 3 kilomètres autour de la ruche. Si elles s’éloignent davantage leurs dépenses énergétiques risquent d’être supérieures aux bénéfices obtenus par la récolte.
Mais les abeilles noires semblent plus efficaces sur les grandes distances. Elles peuvent exceptionnellement butiner au delà des 5 kilomètres si nécessaire. Et en Angleterre, une butineuse a été repérée à 14 kilomètres de sa colonie ! Toutefois les abeilles sont des insectes qui exploiteront de préférence les ressources les plus proches. Ainsi chaque ruche aura tout intérêt à être placée dans un environnement suffisamment riche en fleurs.
L’abeille noire est aussi apte à voler par des conditions météorologiques qui “clouent” les autres butineuse à la ruche ! Les abeilles noires de Bretagne et des îles britanniques sont connues pour voler sous la pluie. Et celles qui proviennent de la vallée du Rhône et de Provence ont adopté un vol en rase motte lorsque le Mistral souffle trop fort.
L’abeille noire est une butineuse éclectique
C’est un fait, la langue de l’abeille noire est plus courte que celle des autres races européennes. Ainsi elle n’arrive pas toujours à explorer les fleurs les plus profondes pour en tirer leur nectar.
Néanmoins, on sait que l’abeille noire est tout de même intéressée par de nombreuses espèces florales. Alors que d’autres sous-espèces semblent tourner leur dévolu vers quelques principales ressources.
Son éclectisme et sa pilosité fournie font de l’abeille noire un excellent pollinisateur qui contribue au maintien de la biodiversité au sein des écosystèmes.
Spécificités des populations locales d’abeilles noires
Les abeilles se retrouvent sous des climats et dans des milieux variés. Depuis les maquis méditerranéens de Provence et de Corse, jusqu’aux forêts du sud de la Norvège, en passant par les landes du sud-ouest de la France.
Ces habitats variés sont à l’origine de variations locales. On retrouve ainsi des comportements différents chez ces différents groupes d’abeilles noires. C’est une richesse qui doit être préservée.
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Pourquoi l’abeille noire est-elle menacée ?
Chaque année en France, des milliers de colonies d’abeilles sont détruites. Il s’en suit une raréfaction progressive de l’abeille noire. À tel point que les scientifiques parlent de syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.
D’après l’association Pollinis, les principales raisons de la disparition de l’abeille noire sont :
• Utilisation d’insecticides systémiques par l’agriculture intensive
• Appauvrissement floristique des espaces cultivés et des forêts exploitées
• Coupe des vieux arbres contenant des cavités propices à l’implantation des colonies
• Introduction de parasites comme le varroa et de prédateur comme le frelon asiatique
• Métissage avec d’autres sous-espèces et races d’abeilles
Cette dernière cause de disparition de l’abeille noire est la moins connue. Mais elle en demeure très sérieuse et problématique. En effet, les autres sous-espèces d’abeille domestique sont très fréquentes dans les ruchers des professionnels, mais chez les amateurs. Par conséquent, les abeilles noires se retrouvent très souvent métissées à des degrés divers. Si bien qu’il est rare de retrouver des abeilles noires “pures”.
Rappelons que les reines vierges quittent la ruche pour se faire féconder par de nombreux mâles, que l’on nomme faux-bourdons. En situation non contrôlée, il est impossible de garantir qu’une reine soit seulement fécondée par des faux-bourdons de sa sous-espèce.
Les abeilles noires métissées sont alors moins aptes à survivre à leur environnement, car elles ont perdu une partie de leur patrimoine génétique.
Quelles sont les actions de protection de l’abeille noire ?
L’abeille noire est un insecte qui ne bénéficie pas du statut d’espèce sauvage. En effet, comme toutes les autres sous-espèces, elle est aussi bien élevée en ruche que présente à l’état sauvage. Cet état ne lui confère pas en France de protection juridique.
Ainsi sa conservation repose seulement sur l’investissement d’associations et de professionnels engagés. Les conservatoires de l’abeille noire sont les plus aboutis.
Les conservatoires de l’abeille noire
Face à la raréfaction de l’abeille noire, des associations se sont constituées pour sauvegarder cette sous-espèce. Leurs actions consistent en la création et en la gestion de rucher de conservation.
Les missions des conservatoires
Les conservatoires ont pour mission de préserver toute la diversité génétique de l’abeille noire. Ils collectent et reçoivent les différentes lignées locales afin de garder en sécurité des souches aux caractères biologiques variés et uniques.
Les conservatoires ne sélectionnent pas les lignées d’abeilles. Ils ne mènent pas de recherche afin d’améliorer la productivité de l’abeille noire ou sa résistance aux maladies. Mais ils travaillent en collaboration avec les apiculteurs et les centres de recherche qui sont à la recherche de lignées particulières.
La localisation des conservatoires
Ces conservatoires se retrouvent en plusieurs endroits de France, généralement dans des zones les plus isolées possibles afin de limiter la pollution génétique. Certains conservatoires se sont même installés sur des îles.
C’est le cas sur l’île d’Ouessant, Belle-Île et sur l’île de Groix où les abeilles noires sont isolées des autres abeilles du continent. Notons que sur ces îles, des arrêtés municipaux interdisent l’introduction d’essaims en provenance de l’extérieur.
Pour en savoir davantage sur les conservatoires de l’abeille noire, leur création et leur fonctionnement, consultez le site de la Fédération européenne des conservatoires de l’abeille noire
Comment aider à la protection de l’abeille noire ?
Au moment où nous écrivons l’article, l’abeille noire ne fait pas l’objet en France d’un statut de protection particulier. Vous l’avez compris, il convient à chacun et aux associations de s’investir pour la conservation des différentes lignées de cet insecte.
Bannir les insecticides au jardin
Si vous êtes jardinier vous pouvez introduire des plantes mellifères dans votre jardin. Mais vous devez surtout bannir l’emploi des insecticides et notamment de ceux qui sont systémiques.
En effet, les insecticides systémiques circulent dans toute la plante traitée. Et les toxiques se retrouvent pas la suite dans le nectar des fleurs.
Formez vous à l’apiculture
Vous pouvez vous former en apiculture et constituer un petit rucher. Mais attention, car il existe une réglementation à respecter.
Renseignez vous sur les distance minimale à tenir entre vos ruches et les propriétés voisines et autres lieux de passage du public. Vous pouvez consulter votre mairie pour obtenir ces informations, car celles-ci peuvent varier d’une commune à une autre.
Ces groupements de passionnés disposent souvent d’un rucher école pour y réaliser des cours pratiques. Et durant l’hiver nombreux sont ceux qui dispensent des formations théoriques.
Il existe de nombreux ruchers écoles en France. Et il est fort possible que l’un d’entre eux se situe non loin de chez vous. Pour vous en assurer, consultez la page suivante
L’abeille noire est robuste, mais lorsqu’elle est placée dans un ruche et sous votre responsabilité, elle demande des soins comme tous les animaux. Vous devez connaître suffisamment sa biologie pour répondre à ses besoins.
Le meilleur moment pour agir c’est maintenant !
Pour conclure, nous vous invitons à vous engager en faveur de l’abeille noire. Car si la situation est grave, il est encore temps de préserver le patrimoine restant.
Pour vous impliquer aux côtés des abeilles, vous pouvez déjà partager cet article sur les réseaux sociaux. En effet, peu de personnes connaissent l’existence de l’abeille noire.
Vous pouvez aussi poursuivre vos recherches sur internet et pourquoi pas contacter un rucher école. Une formation est toujours nécessaire lorsqu’on souhaite agir convenablement. Dans le cas de l’apiculture c’est doublement vrai, car l’élevage des abeilles n’est pas dépourvu de danger.
En effet, les abeilles – quelle que soit la sous-espèce ou la race – peuvent piquer et provoquer une envenimation. Rappelons qu’une réaction allergique peut avoir des conséquences très graves chez les personnes sensibles.
Si vous avez peur des piqûres, vous pouvez simplement introduire des arbustes mellifères dans votre jardin. Ou même sur votre balcon, car même en milieu urbain il existe des abeilles. Sur Paris, on estime qu’il existerait 3000 colonies ! Et surtout vous devez bannir les insecticides de synthèse.
Nous vous remercions pour le moment que vous avez consacré à lire cet article. Et nous sommes certains que vous ferez une action pour l’abeille noire ! A bientôt.
