Dans les journaux et sur le net, on lit souvent la citation suivante : “Si les abeilles disparaissent de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre”. Cette déclaration, attribuée à tort à Albert Einstein, est un bien mauvais présage, n’est-ce pas ?
Les répercussions sur nos sociétés seraient catastrophiques, si les abeilles mellifères et les autres insectes pollinisateurs venaient à s’éteindre. Sans causer la disparition de l’Homme, la disparition des abeilles poserait de véritables problèmes sur notre capacité à produire nos aliments. Nous verrons dans cet article l’importance des abeilles pour l’homme, mais aussi pour les plantes sauvages et l’environnement en général. Nous vous souhaitons une bonne lecture.
L’abeille noire, ses particularités et sa protection en France
Relations entre abeilles et plantes à fleurs
Les botanistes distinguent différentes catégories de plantes. En particulier les plantes à fleurs (dites Angiospermes) et les plantes à graine nue (les Gymnospermes). Ces dernières sont les conifères et les cycas. Les plantes à fleurs regroupent une grande diversité d’arbustes et d’arbres. Certaines sont de minuscules plantes de quelques millimètres, alors que d’autres atteignent parfois une centaine de mètres de haut.
Les botanistes ont décrit pas moins de 360 000 espèces de plantes à fleurs. Et chaque année, environ 2000 espèces découvertes par la science viennent s’ajouter à cette liste.
Les plantes à fleurs sont présentes dans la plupart des milieux terrestres et de nombreux milieux aquatiques. On les retrouve depuis les régions tropicales jusqu’aux régions de haute-montagne et sub-polaires. Mais dans les habitats les plus froids, les conifères restent dominants.
Les ancêtres des abeilles se sont remarquablement diversifiés avec la colonisation de notre planète par les plantes à fleurs. En effet, le nectar et le pollen produit par les angiospermes sont des sources alimentaires qui permettent de répondre aux besoins nutritifs des animaux. On y retrouve des glucides, des lipides, des protides, des vitamines,… Et les abeilles primitives ont ainsi bénéficié de cette nouvelle ressource alimentaire pour prospérer.
Les plantes à fleur ont aussi profité des insectes comme transporteurs de pollen. Elles se sont aussi adaptées pour attirer plus efficacement ces auxiliaires. Leurs fleurs émettent des signaux complexes pour attirer les pollinisateurs : odeurs, formes et couleurs.
Certaines plantes entretiennent des relations d’exclusivité avec certains insectes. Les deux espèces sont réciproquement dépendantes pour leur survie. Si l’une disparaît, l’autre est immédiatement anéantie.Le rapport des plantes à fleurs avec les animaux ne s’arrête donc pas à la pollinisation. De nombreux fruits ou l es graines qu’ils contiennent sont dispersés par des oiseaux, des mammifères ou des insectes. Mais cela est une autre histoire.
Rôles des abeilles mellifères dans les écosystèmes
Les abeilles mellifères – nommées Apis mellifera par les scientifiques – sont des pollinisateurs généralistes. C’est-à-dire qu’elles ne dépendent pas d’un nombre réduits d’espèces de plantes pour survivre. Comme c’est le cas de certaines abeilles solitaires qui ne visitent que les fleurs des orchidées du genre Ophrys.
Les abeilles mellifères sont capables de polliniser 80% des plantes à fleurs. Cette capacité de polliniser des fleurs aux morphologies très diverses, dépend en partie de leur morphologie. Leur petite taille permet aux abeilles de pénétrer dans des corolles étroites. Mais le succès tient aussi à la capacité d’apprentissage d’Apis mellifera. Car chez l’abeille mellifère, beaucoup de comportements ne relèvent pas de l’inné, mais bien de l’expérience et de l’adaptation.
Chaque abeille apprend à visiter une fleur et devient de plus en plus performante à cette tâche. Tant bien même sa vie est courte.
Actions des abeilles mellifères pour les productions végétales
L’être humain a réussi à fonder ses sociétés en maîtrisant l’agriculture. L’élevage et la culture des plantes ont permis la sédentarisation et la construction de villes, de routes, de nations.
Beaucoup de plantes cultivées sont des graminées, dont la pollinisation dépend du vent. C’est le cas du riz et du blé. Mais d’autres espèces importantes d’un point de vue nutrition dépendent du passage des abeilles et d’autres insectes pour former des fruits. C’est le cas des pommiers, des poiriers, des tomates,…
D’après les agronomes, 70% des cultures dépendent entièrement ou majoritairement des pollinisateurs pour la production de leurs fruits. Les pollinisateurs ont donc une grande importance pour l’agriculture et l’alimentation humaine. Mais il est compliqué d’évaluer l’impact financier des pollinisateurs. Toutefois, des scientifiques ont avancé quelques chiffres :
En France, ce travail de pollinisation génère entre 2 et 5 milliards d’euros de produits agricoles.
Et à l’échelle planétaire ont parle de plus de 150 milliards d’euros, c’est-à-dire presque 10% de la valeur des productions agricoles. La pollinisation a aussi une action sur la qualité des fruits portés. Les fleurs pollinisées donnent des fruits qui sont de meilleure qualité. Ils sont plus riches en nutriments essentiels, comme les vitamines.
Malheureusement, les abeilles mellifères sont en danger. Le site La Planète des Abeilles nous indique quelles sont les menaces qui pèsent sur ces insectes fragiles. Et l’Homme est bien entendu à l’origine de tous les maux.
Pour en savoir plus, consultez la page suivante : http://la-planete-des-abeilles.com/danger-pour-les-abeilles/
Impacts sur l’agriculture de subsistance
Une grande part des productions agricoles sont consommées à l’échelle familiale. C’est-à-dire que les producteurs n’en font pas commerce et que leurs champs sont cultivés pour l’autosubsistance. Cette situation est maintenant rare dans les pays industrialisés comme en Europe, mais c’est souvent commun dans les pays en développement et particulièrement en zones intertropicales.
Les pollinisateurs ont leur importance pour garantir la sécurité alimentaire de nombreuses populations pauvres. Il est donc important de favoriser l’apiculture dans les pays en développement.
Impacts sur l’agriculture de production et l’industrie agroalimentaire
Pour relever le défi de nourrir les 10 milliards d’habitants que portera bientôt notre planète, il faudra produire davantage. Mais les ressources sont limitées. Car on ne peut pas étendre constamment les surfaces en culture.
Il faut donc maintenir de forts rendements et si possible les augmenter. Les progrès techniques se poursuivent pour maintenir la fertilité des sols et sélectionner des cultures adaptées à chaque climat. Le génie génétique permet aussi de poursuivre dans cette voie, bien que la plantation des cultures OGM soit vivement critiquée.
Les pollinisateurs ont aussi un rôle majeur pour atteindre ces objectifs fixés. Beaucoup de plantes cultivées dépendent des insectes et parfois plus directement des abeilles mellifères pour la production de leurs fruits. En l’absence de ces pollinisateurs, la pollinisation est rendue aléatoire. Car elle dépend alors d’autres vecteurs, comme le vent.
La raréfaction des pollinisateurs à des conséquences directes sur l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Sans pollinisation efficace les rendements chutes et les prix augmentent. Ainsi, certains produits alimentaires ne seront bientôt plus accessibles aux consommateurs les plus pauvres.
Utilisation des abeilles en agriculture
Dans plusieurs pays, il est fréquent pour les agriculteurs de louer des ruches afin d’assurer une pollinisation optimale de leurs cultures. Cette pratique est bien connue aux États-Unis, où 2,5 millions de colonies ont été transhumées vers la Californie en 2021, pour assurer la pollinisation des amandiers. C’est la plus grande transhumance du monde.
Chaque année en janvier, des convois chargés de ruches convergent depuis 40 états (du Dakota à la Floride) pour rejoindre les vergers californiens. C’est grâce à cet exploit que la Californie produit 80% des amandes consommées dans le monde.
Cette activité de pollinisation par les abeilles n’est pas une source de revenus complémentaires pour ces apiculteurs. Il s’agit généralement de leur principale activité. Ces apiculteurs se sont spécialisés dans la pollinisation et entretiennent souvent plusieurs milliers de ruches.
En France, cette activité de service commence à se développer. Et les centres de formation commencent à instruire leurs apprentis sur ce sujet. C’est le cas au CFPPA de Hyères où une option Pollinisation a été créée. En savoir plus sur le contenu de la formation sur ce lien
D’autres insectes sont aussi employés en agriculture pour polliniser les vergers et les cultures sous serre. C’est le cas des bourdons, mais aussi de certaines espèces d’abeilles solitaires, comme les osmies. Bourdons et osmies sont élevés dans des élevages spécialisés et sont livrés aux agriculteurs à des dates précises afin d’assurer une pollinisation optimale.
Pour résumer
Les abeilles mellifères et les plantes à fleurs entretiennent une relation gagnant-gagnant, depuis des centaines de milliers d’années. Les insectes trouvent leurs aliments : le nectar et le pollen. Et les plantes sont pollinisées avec une grande efficacité.L’Homme profite aussi de ce mutualisme entre insectes et plantes. Car de nombreuses espèces cultivées sont pollinisées par les abeilles et d’autres insectes pollinisateurs.
Malheureusement, les activités humaines causent des dégâts sans précédent. Et les populations de butineuses vont en décroissant. La pollinisation devient maintenant un enjeu pour garantir la sécurité alimentaire et la nutrition de l’humanité. Il est donc important de ne pas sous-estimer la raréfaction des abeilles. Car celle-ci pourrait avoir des conséquences importantes pour l’espèce humaine.
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